Faera a écrit:confusion classique histoire/mémoire
Remarque intéressante... Est-ce que tu pourrais développer s'il te plaît ? Parce que ça m'intéresse pas mal

C'est le genre de sujets qui peuvent se traiter sur au moins un ouvrage complet.
Même si les deux portent leur regard sur le passé, l'histoire est une science qui se caractérise par des méthodes, des objets, des concepts, des notions qui permettent à l'historien d'établir une vérité. Dans la mémoire, il y'a une vision subjective, partiale et des objets et finalités différentes qui ne relèvent pas de la science.
Aussi l'historien l'est pour différentes raisons: il a obtenu des diplômes ou des concours qui valident des qualités d'historiens, il est reconnu comme tel par sa "corporation". A l'inverse n'importe qui peut faire de la mémoire...
Le gros problème (enfin pour moi ça n'en est pas un) c'est que j'ai tendance à voir tout ça plutôt sous l'œil de l'apprenti historien que du reconstituteur.
La reconstit' c'est quoi? N'importe qui peut créer une asso loi 1901 en faisant une asso de reconstit'. Qui va venir vérifier quoi que ce soit? Enfin j'en ai souvent parlé sur le forum de Snorri. A partir du moment où une activité n'est contrôlée par personne, que le but premier de beaucoup d'asso c'est d'équilibrer les comptes, ben faut pas s'étonner de son caractère peu crédible, marginal, etc... A partir du moment où dans une fête c'est un type ou deux qui définissent le cahier des charges sans qu'on sache trop d'où vient leur crédibilité, y'a quand même une grosse limite.
Sans parler de la démarche qui repose en caro en grande partie sur des enlus blindées de symboliques et en viking sur de la culture matérielle dans un contexte funéraire. Juste comme ça, mais les chercheurs professionnels consacrent une vie entière sur ce type de sujet, alors c'est pas en regardant 3 pages webs et deux ouvrages généraux qu'on peut prétendre à quoi que ce soit.
Le titre, n'est peut-être pas un hasard: "fous d'histoire", ça aurait pu être n'importe qui (en terme d'assos), le titre aurait été le même, mais inconsciemment le journaliste retranscris beaucoup par ce titre:
-premièrement la folie renvoie au manque de raison, or l'histoire est une science donc se base sur la raison. Donc associer l'histoire avec le terme "fou" nous amène à voir une vision irraisonnée de l'histoire, donc à se rapprocher de la mémoire. Il insiste sur la passion qui amène à faire des choses parfaitement improbable comme marcher 120 bornes avec du matériel militaire d'un autre temps sans préparation.
-deuxièmement le "fou" est le bouffon du roi, celui qui diverti, et finalement les reconstituteurs ont tendance à proposer un divertissement...mais les gens font-ils la différence entre "nous" et le portanawak du Puy-du-fou (tient encore)? Pas sur. Et le fait que le combat soit souvent le cœur des prestations (et du reportage) ne fait que renforcer cette idée.
A ce propos on en retire souvent que "l'histoire c'est la guerre", or depuis maintenant 70-60 ans les historiens (en particulier via l'école des Annales) considère que l'histoire ce n'est justement pas "l'agitation de surface". Face à ça une histoire "des mentalités" que devrait représenter la reproduction du matériel, mais pour moi on entre plus ici dans de la reconstitution archéologique car c'est presque impossible d'intégrer la géographie ou l'anthropologie dans la reconstit'.
Cela dit je vais pas continuer, parce que déjà ça serait long.
Mais ça permet juste de clarifier de quoi on parle et d'être conscient des limites de ce qu'on fait.